Notre comité du Mois de l’histoire des Noirs a choisi de dresser le portrait de trois Canadiens dont le courage a fait une différence dans notre société, mais dont le nom n’est peut-être pas immédiatement reconnaissable. Aujourd’hui, nous rendons hommage à Carrie Best.
Carrie Mae Best est née en 1903 à New Glasgow, en Nouvelle-Écosse, à une époque où la discrimination raciale était généralisée. Ses parents l’ont encouragée à étudier l’histoire des Afro-Canadiens et à être fière de l’héritage des Noirs. Dès son jeune âge, elle savait qu’elle se rebellerait contre les restrictions auxquelles étaient assujettis les Noirs et les femmes. À l’époque, les choix de carrière s’offrant aux jeunes femmes étaient généralement limités et ils l’étaient encore plus pour les femmes non blanches. Carrie envisageait de devenir infirmière, mais aucune école n’acceptait les Afro-Canadiens.
C’est alors qu’elle était âgée de 38 ans que Carrie a vu sa vie changer. Elle a appris que plusieurs filles du secondaire avaient été expulsées par la force du Roseland Theatre de New Glasgow parce qu’elles avaient eu l’audace de vouloir s’asseoir dans la section réservée aux Blancs. Scandalisée, elle a fait connaître son point de vue – en vain – au propriétaire du théâtre. Sans se laisser décourager, elle et son fils se sont rendus au théâtre, se sont assis dans la zone réservée aux Blancs et ont refusé de quitter les lieux. Mère et fils ont été accusés d’avoir troublé l’ordre public, reconnus coupables et condamnés à une amende.
Carrie a réagi à cette expérience humiliante en intentant un procès civil pour voie de fait et batterie. Elle n’a toutefois pas obtenu gain de cause, le juge ayant déterminé que le théâtre avait le droit d’exclure n’importe qui. Au diable le racisme et la discrimination!
Malgré sa défaite, Carrie ne s’est pas arrêtée là. En 1946, elle a lancé son propre journal pour servir de voix appelant à de meilleures relations raciales. Appelé à l’origine The Clarion, ce journal a été un des premiers journaux de la province appartenant à des Canadiens noirs. Et le militantisme de Carrie pour la défense des droits ne s’est pas arrêté là. En 1968, elle rédigeait une chronique hebdomadaire dans un journal, dans laquelle elle utilisait sa voix pour faire la promotion des droits des Autochtones et faire pression pour l’amélioration des conditions de vie dans les réserves. Au milieu des années 1970, Carrie a fondé la Kay Livingstone Visible Minority Women’s Society pour financer les études de femmes noires.
L’énorme contribution de Carrie a été reconnue en 1974, année où elle a été décorée de l’Ordre du Canada. Plus tard, elle a été promue au rang d’officier de l’Ordre du Canada en reconnaissance de son dévouement envers les « défavorisés, sans égard à leur race, leur couleur, leurs croyances ou leur sexe, et en particulier envers son propre peuple de la communauté noire ».
Avant sa mort paisible en 2001, Carrie a reçu un doctorat honorifique en droit de l’Université St. Francis Xavier et a vu l’Université de King’s College créer la bourse d’études Dre Carrie Best pour les étudiants afro-canadiens et autochtones canadiens. Postes Canada a émis un timbre en son honneur en 2011.
Après des débuts modestes, Carrie s’est imposée comme une farouche défenseure des droits de la personne et une véritable pionnière canadienne.
Darcy Buckeyeneza - Représentant bilingue, prêts résidentiels
Je m’appelle Darcy, je suis née et j’ai grandi au Burundi, en Afrique de l’Est, où presque tout le monde est noir.
Jusqu’en 2015, j’ai été témoin de différents problèmes dans mon pays, mais je n'ai jamais été victime de discrimination ou d’injustice simplement parce que j’étais de retour. Je prends la peine de le préciser pour expliquer pourquoi je n’ai pas vraiment été exposée à la lutte des Noirs. Je l’ai seulement lue dans des livres ou vue à la télévision.
Lorsque je suis arrivée au Canada en 2019, j’ai dû travailler pour subvenir aux besoins de ma famille que j’avais laissée derrière moi, et c’est là où j’ai commencé à voir cette lutte et que j’ai été totalement choquée. Les gens me parlaient différemment à cause de mon apparence et de mon accent.
J’ai parlé à quelques membres de ma famille, qui m’ont dit qu’ils voyaient ce phénomène sur leur lieu de travail, dans les transports en commun et dans d’autres endroits, et qu’elles n’arrivaient pas à y croire. Mais, chaque jour, nous nous réveillons et nous espérons, tout en travaillant, que la situation de la prochaine génération sera meilleure.
C’est difficile, mais ça l’est devenu moins quand j’ai entendu d’autres personnes partager leur expérience et la façon dont elles gèrent différents problèmes. De plus, la prise de conscience que je constate aujourd’hui me donne espoir que la situation s’améliorera.