Financière First National SEC

Jason Ellis sur l’actuelle volatilité des marchés

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Le 10 mars 2020, Jason Ellis, président et chef de l’exploitation de First National, a rencontré au cours d’un petit déjeuner des courtiers hypothécaires professionnels de la région du Grand Toronto pour discuter de l’état de l’économie et du secteur hypothécaire dans un contexte d’extrême volatilité des marchés boursiers mondiaux et de baisses de rendements obligataires attribuables à l’effondrement des prix du pétrole et à l’impact du COVID-19. Voici quelques-unes des observations de Jason ainsi que ses réponses aux questions du public.

Pour la toute première fois, la courbe des rendements tout entière est sous la barre des 1 %. Signe des temps, les obligations 30 ans se négocient à aussi peu que 75 points de base et, la semaine dernière, la Banque du Canada a baissé son taux à un jour de 50 points de base (à 1,25 %). La politique monétaire peut contribuer à calmer temporairement les marchés, mais elle ne peut malheureusement pas remettre les gens au travail ni rétablir des chaînes d’approvisionnement. D’autres interventions sont probables.

Certains économistes avancent que la Banque du Canada baissera son taux à un jour d’entre 75 et 100 points de base supplémentaires. Une baisse future de cette ampleur pourrait se produire rapidement. Certains analystes prévoient jusqu’à 100 points de base de baisse lors des deux prochaines réunions de la Banque, soit le 15 avril et le 3 juin. Il est tout à fait plausible que la Banque décide d’accélérer ses plans dans le cadre d’une réunion d’urgence et d’agir plus rapidement comme l’a fait la Fed américaine en février.

Malgré les problèmes inquiétants auxquels l’économie canadienne est confrontée, l’argent – y compris le papier commercial adossé à des actifs – continue de circuler. Il n’y a pas de crise de liquidité aujourd’hui. Il n’y a qu’une crise de confiance par rapport à la croissance économique, ce qui rend la situation sensiblement différente de ce qu’elle était lors de la crise financière en 2007-2008. Néanmoins, les écarts de crédit se sont creusés, mais le commerce bilatéral se poursuit.

Vers la fin de la crise financière, les grandes banques n’ont pas suivi l’exemple de la Banque du Canada. La semaine dernière, elles ont toutes baissé leurs taux des 50 points de base. À ce stade-ci, il est difficile de prévoir comment les banques pourraient rajuster leurs taux préférentiels par rapport à de nouvelles réductions du taux à un jour décrétées par la Banque du Canada. Aussi, il n’est pas encore clair ce que le gouvernement peut souhaiter. Le flux de trésorerie supplémentaire résultant de la diminution du service des dettes hypothécaires et personnelles pourrait rendre l’économie plus résiliente dans une certaine mesure, mais l’endettement des ménages est déjà à des niveaux élevés.

Le coût du financement pour les banques canadiennes s’est accru. Un des repères en matière de coûts de financement est la dette bancaire dite de « recapitalisation interne ». La TD a émis de nouvelles obligations 5 ans en début de semaine, à un taux de GdC + 145 contre GdC + 80 il y a seulement quelques semaines. Cela pourrait rendre les banques moins enclines à baisser les taux hypothécaires alors qu’elles s’efforcent de maintenir leurs marges. Les prêteurs non bancaires sont confrontés à des pressions similaires sur les écarts lorsqu’il est question de taux hypothécaires. Par exemple, les écarts se sont également élargis en ce qui concerne les opérations de TH LNH et d’OHC.

Des taux d’intérêt plus bas sont une bonne chose pour les emprunteurs, mais une baisse brutale des taux représente un défi de taille pour les prêteurs. La chute précipitée des taux observée ces derniers jours est ce qui empêche de nombreux prêteurs de dormir la nuit, car la baisse des taux entraîne une diminution des engagements hypothécaires existants et nuit aux marges. Notre engagement est d’abord envers l’emprunteur, mais la nature asymétrique de l’engagement du prêt hypothécaire résidentiel est une proposition délicate et coûteuse à couvrir – surtout avec ce genre de volatilité.

Il est nécessaire que les prêteurs fassent preuve de patience en réponse aux mouvements rapides des obligations lors de la fixation des taux hypothécaires. La raison pour laquelle les prêteurs sont réticents à baisser les taux hypothécaires trop rapidement est la volatilité. Après avoir touché des creux intrajournaliers de seulement 30 points de base lundi, les obligations 5 ans ont rebondi à environ 60 points de base ce matin (le 10 mars 2020).

Les impacts positifs ou négatifs de l’évaluation à la valeur marchande sur les positions courtes en obligations que First National détient signifient que l’entreprise paie maintenant pour gagner plus tard ou gagne maintenant et paie plus tard. Vu la récente baisse des taux, l’impact de l’évaluation à la valeur marchande sur les couvertures des engagements hypothécaires crée un scénario de paiement immédiat et de récupération de l’argent sur cinq ans, idéalement à des marges d’intérêt nettes plus larges pour compenser les pertes de couverture aujourd’hui.

En raison de la rapidité avec laquelle les coupons hypothécaires ont chuté, le récent changement dans le calcul de la simulation de crise hypothécaire par le gouvernement pourrait faire une différence à la marge. Étant donné que les banques peuvent être plus lentes à baisser leurs taux affichés que leurs « meilleurs taux », le nouveau calcul pour la simulation de crise peut en fait apporter un soulagement plus important que prévu initialement. Le taux affiché par la banque générique est toujours de 5,19 %, mais le nouveau taux utilisé pour la simulation de crise pourrait être réduit jusqu’à 4,50 % d’ici la fin de cette semaine. Cela pourrait se traduire par un pouvoir d’achat supplémentaire important pour certains emprunteurs.

Les économistes des banques ont réduit leurs prévisions du PIB, ce qui signifie que l’économie canadienne ne devrait pas se redresser trop rapidement. Il pourrait s’écouler jusqu’à un an avant que le plein impact des pressions à la baisse, telles que la baisse de la productivité économique, la chute des prix du pétrole et le COVID-19, ne se fasse sentir. Et si les taux obligataires resteront probablement bas pendant un certain temps, ils ne le seront probablement pas autant une fois que le choc se sera dissipé.

L’ampleur et la profondeur de son modèle de financement créent une force et une stabilité pour First National. La société finance environ la moitié de ses prêts hypothécaires par la titrisation (titres hypothécaires, obligations hypothécaires du Canada, papier commercial adossé à des actifs) et l’autre moitié par l’intermédiaire d’un large éventail de partenaires investisseurs hypothécaires ayant un solide bilan. Ces investisseurs continuent de manifester un fort appétit pour les actifs hypothécaires de qualité dans un contexte de solides dépôts et plans de croissance des actifs.