Financière First National SEC

Notes sur les Marchés: La BdC cherche à maintenir un équilibre entre maîtriser l’inflation et éviter une récession – mars 2024

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Il y a deux ans, mois pour mois, la Banque du Canada se lançait dans sa lutte contre l’inflation et entamait le cycle de hausses des taux d’intérêt le plus agressif de son histoire.

Entre le 2 mars 2022 et le 12 juillet 2023, la banque centrale a relevé son taux directeur à dix reprises. Ce taux a été haussé de 475 points de base, passant de 0,25 % – son niveau le plus bas induit par la pandémie – à 5,0 %.

Plus élevés pour plus longtemps

Lors de sa fixation des taux de mars, la Banque du Canada a annoncé qu’elle maintenait son taux à 5,0 % pour une cinquième annonce consécutive. Selon la Banque, il reste des pressions inflationnistes sous-jacentes et il faut laisser plus de temps aux taux élevés de faire leur travail. Le gouverneur de la BdC, Tiff Macklem, a ajouté qu’il était peu probable que les taux soient baissés aussi rapidement qu’ils ont été haussés.

L’objectif principal de procéder à des hausses de taux d’intérêt est de ralentir l’économie et de permettre à l’offre de rattraper la demande. C’est ce qui est arrivé. Au quatrième trimestre de 2021, le produit intérieur brut (PIB) avait augmenté de 6,7 %. Au quatrième trimestre de 2023, la croissance n’était que de 1,0 %.

Parallèlement, l’inflation s’est repliée. En janvier, l’indice des prix à la consommation, ou l’inflation globale si vous le préférez, affichait une hausse annualisée de 2,9 %. C’est considérablement moins que le sommet de 8,1 % atteint en juin 2022. L’inflation se situe désormais à l’intérieur de la fourchette cible de 1,0 % à 3,0 % fixée par la Banque.

Au bord du précipice

Selon ces critères, le plan de la Banque semble porter ses fruits, mais l’heure est à la reddition de comptes.

Tout au long de cet exercice, la principale préoccupation de la Banque du Canada a été un « resserrement excessif ». Autrement dit, une hausse trop rapide, trop élevée ou trop longue des taux d’intérêt entraînerait une paralysie de l’économie – plutôt qu’un simple ralentissement – et plongerait le pays en récession.

On parle de récession technique lorsqu’il y a deux trimestres consécutifs de contraction économique. Jusqu’à présent, cela ne s’est pas produit, mais nous n’en sommes qu’à la moitié du processus.

Des hausses de taux sont encore en train d’être absorbées

En règle générale, il faut compter entre 18 et 24 mois pour que des rajustements de taux d’intérêt se répercutent sur l’ensemble de l’économie. C’est là où nous en sommes aujourd’hui et seulement cinq des dix hausses de la Banque ont été pleinement absorbées.

Selon la plupart des prévisions, une récession économique (ou, du moins, une récession grave) devrait être évitée principalement en raison de la croissance démographique alimentée par l’immigration. Plus de personnes, c’est plus d’argent qui circule dans l’économie. Toutefois, c’est une arme à double tranchant.

Avertissement potentiel

Le « PIB par habitant » est une mesure troublante dans ces perspectives, par ailleurs bonnes. Il s’agit du produit intérieur brut du pays divisé par le nombre de personnes qui y contribuent.  Au Canada, le PIB par habitant diminue depuis plus d’un an (six trimestres consécutifs selon certains chiffres) et a baissé de 2,3 % au quatrième trimestre de 2023 par rapport au quatrième trimestre de 2022.

La BdC dispose d’une certaine « marge de manœuvre »

Si l’économie commence à s’essouffler et qu’une récession est imminente, la Banque du Canada dispose d’une certaine marge de manœuvre pour commencer à baisser son taux directeur afin de garder l’économie en mouvement. Cependant, comme nous l’avons vu au cours des deux dernières années, la politique en matière de taux d’intérêt est un outil de rajustement économique peu efficace. Et il ne faut pas oublier que les 18 à 24 mois nécessaires pour absorber des hausses de taux s’appliquent tout autant aux baisses de taux.

Pour l’instant, la Banque semble d’avis que l’économie canadienne est assez forte et assez stable pour la convaincre de maintenir le taux directeur à 5,0 % jusqu’à ce qu’elle reçoive les forts signaux qu’elle recherche, soit que l’inflation est réellement maîtrisée.