Financière First National SEC

Retour sur 2020 avec Thomas Kim

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2020 a été une année intéressante pour Thomas Kim.En sa qualité de vice-président et directeur général, Marchés de capitaux pour First National, Thomas (tout comme son groupe de trésorerie) a été aux premières loges de la lutte de la politique monétaire de la Banque du Canada contre les ravages causés par la COVID-19. Maintenant que l’année touche à sa fin, nous avons demandé à Thomas de faire un retour sur les principaux développements commerciaux et économiques de l’année et de leur donner un sens quant à ce qu’ils peuvent signifier pour l’avenir.Cet entretien a eu lieu à la fin de novembre.

Thomas, avec le recul, quels ont été les événements marquants de 2020?

Sur le plan économique, je dirais la forte baisse de l’emploi résultant du confinement décrété en mars suivie d’une forte augmentation de l’emploi ultérieurement, du moins dans les secteurs ayant été moins touchés par les exigences de distanciation physique. Quant aux marchés, je dirais que les actions posées par la Banque du Canada en mars et les actions de politique budgétaire du gouvernement fédéral qui ont suivi ont été des moments déterminants. Il n’est pas fréquent de voir trois réductions imprévues du taux directeur de la Banque du Canada totalisant 150 points de base en un mois, mais c’est ce qui se produit lorsque la Banque du Canada tient absolument à éviter une crise de liquidité. La Banque a appuyé ces décisions concernant les taux par un programme de mise en pension amélioré et des achats d’actifs à grande échelle.

Des mesures d’assouplissement quantitatif comme celles que vous décrivez ont été utilisées pour la première fois lors de la crise financière de 2008-2009. À part l’assouplissement quantitatif, y a-t-il d’autres similitudes entre la situation actuelle et la crise financière de 2008-2009?

Ce n’est pas une récession qui a commencé dans l’économie réelle et ce n’est pas une récession déclenchée par le secteur financier. Il s’agit d’une crise sanitaire et, immédiatement, ça rend la situation inhabituelle. Cette fois-ci, il n’y a aucun signe de perturbation du marché parce que la Banque du Canada a agi avec beaucoup de détermination et très rapidement pour éviter toute perturbation. Certains diront que la Banque a frappé bien au-dessus de son poids. En effet, sur une base relative, elle a fait ce que la Réserve fédérale américaine a mis des années à faire après la crise financière, soit d’augmenter son bilan en quelques semaines seulement. Il est difficile de contester les résultats. L’approche a fonctionné.

Comment le marché a-t-il réagi à ces développements?

Je suis surpris de constater à quel point les marchés ont été pour la plupart optimistes, malgré l’incertitude causée par le virus et la situation politique aux États-Unis. Les marchés boursiers sont haussiers, les écarts de crédit se resserrent, les marchés immobiliers canadiens sont sur une lancée et tout cela suggère que les participants du marché ne tiennent pas compte de ces enjeux.

En temps normal, le chômage nuit au marché de l’habitation. Pourquoi n’est-ce pas le cas cette fois-ci?

Parce que la COVID a eu un impact inégal sur l’emploi. Les statistiques montrent que de nombreuses personnes ayant perdu leur emploi en mars ont retrouvé du travail au cours de l’été, à part celles qui travaillaient dans des secteurs sensibles aux mesures de distanciation physique et aux restrictions aux frontières, comme l’hôtellerie, le transport aérien ou la restauration. Certains de ces Canadiens occupaient des emplois peu rémunérés et n’étaient donc pas actifs dans le marché de l’habitation de toute façon.

En octobre, la Banque du Canada a annoncé qu’elle rééquilibrerait son programme d’assouplissement quantitatif de façon à ce qu’il ait « une influence plus directe sur les taux d’emprunt les plus importants pour les ménages et les entreprises ». Qu’est-ce que cela veut dire?

La Banque a annoncé qu’elle achèterait moins d’obligations, mais qu’elle s’orienterait vers des échéances à plus long terme. Le résultat net pourrait être que la Banque prenne plus – et non moins – de risques dans le marché. Le message sous-jacent est qu’elle tente d’en avoir plus pour son argent dans ce qu’elle achète, mais il reste à voir quelle incidence cela aura, car il y a de nombreux facteurs qui influencent les taux et les marchés. La banque centrale représente un de ces facteurs, et c’en est un important, mais ça demeure un facteur parmi d’autres.

La Banque du Canada a déclaré publiquement qu’elle ne modifiera pas son taux à un jour tant que l’inflation n’aura pas atteint durablement 2 % et que cela pourrait ne pas se produire avant 2022. Les emprunteurs devraient-ils être rassurés par cette déclaration?

Je pense que le message de la Banque est plutôt fort : les taux vont restent plus bas pendant plus longtemps. Cela étant dit, je pense que chaque emprunteur doit réfléchir individuellement à sa situation et à sa propre tolérance au risque lorsqu’il décide du montant et de la durée de son emprunt.

Y a-t-il un risque que le gouvernement veuille hausser le taux de référence des prêts hypothécaires vu que les taux sont plus bas?

Les actions gouvernementales en matière de politiques représentent toujours un risque, mais ce n’est pas quelque chose dont j’ai eu vent. Tout ce que nous espérons, c’est que le gouvernement soit réfléchi dans tout changement de politique qu’il apporte et qu’il ne favorise pas un groupe au détriment d’un autre.

Les banques centrales examinent généralement de plus près leur mission. Cela est-il susceptible d’avoir une influence sur de futures décisions en matière de politique?

C’est exact, elles [les banques centrales] examinent des cibles qui ont du sens, qu’il s’agisse d’une cible d’inflation absolue, d’une cible d’inflation moyenne, d’un objectif de taux d’emploi, d’un objectif de PIB et ainsi de suite. Il y a beaucoup d’idées sur la table maintenant, y compris l’idée que nous pouvons peut-être avoir des taux plus bas à plus long terme – pour un certain temps en tout cas – sans pour autant provoquer une inflation démesurée.

Nous entendons parfois des experts parler de la façon dont des taux bas peuvent créer des bulles immobilières. Avez-vous une opinion sur ce sujet?

Il est vraiment difficile de mettre en doute le marché à savoir si les prix sont trop élevés ou trop bas. Le marché, c’est le marché.

En novembre, le Canada a été frappé par une deuxième vague de la COVID-19. Cela risque-t-il de nuire aux marchés?

Il est intéressant de voir à quel point le marché est optimiste alors qu’il se passe beaucoup de choses. Je pense que les gens cherchent simplement des raisons d’être optimistes. Nous en avons vu une grande manifestation lors de l’annonce faite par Pfizer en novembre, une annonce qui a fait décoller les marchés boursiers.

Tout bien considéré, comment First National s’en est-il tiré cette année?

Malgré toutes les turbulences dans le monde, c’est pas mal le statu quo pour nous. Nous avons réussi notre transition vers le travail à domicile et nous continuons de servir nos clients et nos investisseurs.

Cette année a dû être très stimulante pour votre équipe des marchés de capitaux.

Nous avons essayé de répondre à toute cette stimulation, si c’est le bon mot, en étant calmes et rationnels. Nous n’avons pas posé de gestes soudains ou réagi de manière excessive à certains événements. Je pense que cette approche est un peu différente de celle de certains prêteurs qui ont eu chaud et froid en entrant et en sortant du marché. Nous nous efforçons d’être un partenaire cohérent pour tous nos emprunteurs. Si vous le préférez, nous sommes un prêteur en toutes saisons. C’est l’approche que nous avions adoptée en 2008 et, au sortir de la crise financière, First National a connu une énorme poussée de croissance. C’est l’expérience que nous avons faite encore une fois cette année. Assurer une présence dans le marché quand les autres n’y sont pas fonctionne bien pour nous.

Qu’est-ce qui permet à First National de prêter dans tous les environnements?

Notre entreprise compte plus d’une dimension. Notre plateforme de financement est très diversifiée et, grâce à la titrisation et à la négociation de prêts complets, nous disposons d’une grande souplesse. Aussi, notre envergure nous permet de faire face à la volatilité.

Allant de l’avant, y a-t-il des raisons d’être optimistes?

Je pense qu’une raison d’être optimiste est que l’immigration est susceptible de rebondir une fois que les restrictions aux frontières auront été levées. Cela constituera un avantage très positif pour le secteur de l’habitation, notamment en ce qui concerne les appartements et les maisons individuelles. Et, plus fondamentalement, il semble que le développement de vaccins donne des raisons d’être optimiste. Ces facteurs sont tout à fait indépendants de notre volonté, si bien que, en pensant à 2021, nous ferons ce que nous avons fait en 2020, c’est-à-dire continuer de servir le mieux possible clients et investisseurs en tant que prêteur cohérent et engagé.