Financière First National SEC

Commentaire sur le marché : Jason Ellis, le gars de la trésorerie de First National, dresse le bilan de l’année.

  • Jason Ellis, Président et chef de la direction

Joyeuses fêtes!

Dans un moment irrationnel de nostalgie et de subtils encouragements de la part de personnes bien intentionnées, mais très malavisées, j’ai décidé (jusqu’à nouvel ordre) de reprendre du service en tant que gars de la trésorerie. Cela fait des lunes que j’ai écrit mon dernier billet, et il reste à voir si le temps qui a passé depuis que je suis devenu chef de la direction m’a totalement privé de mon sens de l’humour. Je suppose que nous allons le découvrir ensemble. 

Quoi qu’il en soit, mon instinct m’a poussé à faire de ce premier billet une sorte de bilan de l’année qui prend fin, mais c’est un bilan qui est lourd en faits et plutôt léger en analyses et en interprétations. Ce serait trop de travail hélas! Conseil du gars de la trésorerie : Ne travaillez pas plus, travaillez plus intelligemment... 

Présentation graphique de données sélectionnées pour le plaisir de vos yeux 

Vous trouverez ci-dessous une illustration de l’évolution des obligations du GdC de 5 ans en 2023. Le rendement des obligations de 5 ans est une base de référence communément utilisée pour les taux hypothécaires fixes sur 5 ans. Avis de non-responsabilité : Bien que de nombreuses autres variables soient prises en compte pour fixer des taux, l’obligation du GdC est un bon baromètre. L’une des autres variables importantes dont on prend compte dans la fixation des taux hypothécaires pour votre sympathique société de crédit hypothécaire de quartier est l’écart des émissions de TH LNH. Il s’agit d’une source cruciale pour financer des prêts hypothécaires assurés. L’écart de ces émissions par rapport à l’obligation du GdC s’est creusé de façon soutenue, passant d’environ +43 à +63 au cours de l’année. 

Cette année, les taux d’intérêt ont connu une évolution fulgurante. Après avoir rapidement grimpé de 80 points de base pour dépasser le cap des 3,60 % en mars (près d’un niveau inégalé en 5 ans), sous l’effet conjugué de la crise des banques régionales américaines et d’attentes selon lesquelles les banques centrales étaient en fin de cycle de politique monétaire, les rendements sont retombés à 2,75 % en l’espace seulement de trois semaines. Nous avons ensuite entamé une progression constante (favorisée par deux nouvelles hausses de taux décrétées par la Banque du Canada) jusqu’à 4,40 % en octobre, soit un sommet en plus de 15 ans! Enfin, une série d’indices d’inflation encourageants a rétabli la confiance que les taux avaient atteint un sommet. Le quatrième trimestre a été marqué par une baisse précipitée de 120 points de base des rendements, qui sont revenus à 3,20 %. 
 

Vous trouverez ci-dessous une illustration de l’évolution mensuelle de l’IPC annualisé au cours des 24 derniers mois. Les hausses de taux font mal, mais la preuve de leur efficacité saute aux yeux. L’IPC était de 3,1 % le mois dernier, par rapport à 8,1 % en juin 2022. Rappelons que, si la fourchette cible fixée pour l’inflation est de 1,0 % à 3,0 %, la Banque du Canada tient résolument au maintien d’une cible de 2,0 %.
 

Sélection de prévisions en matière de taux 

Nombre de personnes me demandent de me prononcer sur l’évolution des taux allant de l’avant. C’est la question que je préfère le moins. Je n’en sais rien. Personne ne le sait. Pas même Chuck Norris. Je peux néanmoins répondre à la question avec précision. Oui, je suis à ce point doué...

Vous trouverez ci-dessous le calendrier des dates de réunion de la Banque du Canada et le taux implicite à un jour après chaque réunion, sur la base de la structure actuelle des swaps indexés sur le taux à un jour. À l’heure actuelle, le marché prévoit cinq réductions de taux de 25 points de base chacune d’ici à la fin de 2024. Cela se traduira par un taux implicite à un jour de 3,75 % en décembre prochain. En supposant que les banques suivent le mouvement, on peut donc s’attendre à ce que le taux préférentiel passe de 7,20 % à 5,95 %. Concrètement, un emprunteur ayant souscrit un prêt hypothécaire à taux révisable verrait ses mensualités diminuer d’environ 10 %, soit de 75 $ par tranche de 100 000 $ de solde hypothécaire. 
 

Nous pouvons aussi utiliser la magie des taux à terme pour avoir une idée de l’évolution des rendements obligataires. Il est possible de détacher les coupons d’obligations pour ensuite présenter les obligations sous la forme d’un portefeuille d’instruments à coupon zéro, puis les transformer en une série de taux à terme sans arbitrage boursier. C’est amusant... Vous devriez l’essayer à la maison! Selon la forme actuelle de la courbe de rendement, nous voyons ci-dessous que le rendement de l’obligation du GdC de 5 ans passera de 3,21 % aujourd’hui à 2,98 % dans douze mois. 
 

AVERTISSEMENT : Même si ces taux à terme DOIVENT être vrais aujourd’hui (la propension du marché à supprimer rapidement tout arbitrage le garantit), des études ont montré que les taux à terme sont généralement de mauvais paramètres pour prédire de futurs taux au comptant. Les choses vont changer d’ici là. C’est tout simplement une réalité. Ne vous plaignez donc pas si, en décembre prochain, le portrait est tout à fait différent. 

Tendances hypothécaires en 2023 dignes de mention 

En ce qui concerne la courbe de rendement, les attentes futures et la propension d’emprunteurs à jouer les prévisionnistes en matière de taux, nous avons assisté cette année à un niveau d’activité sans précédent dans le segment des prêts de 3 ans. Bien que les taux des prêts hypothécaires de 3 ans soient supérieurs de 90 à 100 points de base à ceux des prêts de 5 ans, 25 % des prêts hypothécaires à taux fixe financés en 2023 sont d’une durée de 3 ans, contre moins de 5 % l’an dernier (et toutes les années précédentes d’ailleurs).

Moins de 10 % des emprunteurs ont opté pour un taux révisable en 2023, contre 55 % l’an dernier. Il est étonnant de constater à quel point un portrait peut changer du tout au tout. 

Ce qui n’a pas changé, du moins pas de manière marquée pour l’instant, c’est le portrait des défaillances. Malgré l’augmentation rapide des paiements associés aux prêts à taux révisable et le renouvellement de prêts à taux fixe à des taux plus élevés, nos emprunteurs ont fait preuve de résilience. Le taux d’arriérés de prêts résidentiels à 90 jours est passé de 5 points de base il y a un an à 6 points de base aujourd’hui. Bien entendu, d’un point de vue pratique, il s’agit d’une augmentation de 20 %, mais pratiquement, ce n’est qu’un point de base... et c’est donc une bonne chose. Comme les Lannister (dans Game of Thrones), les Canadiens remboursent leurs dettes.

Autres évolutions notables dans le secteur 

Deux propositions potentiellement perturbatrices formulées par le ministère des Finances et le BSIF au début de l’année n’ont pas abouti. 

Des craintes que le programme des Obligations hypothécaires du Canada, tel que nous le connaissons actuellement, soit fondamentalement modifié ont suscité de la peur et de l’aversion dans le secteur hypothécaire. Toutefois, dans un revirement spectaculaire digne d’un scénario de M. Night Shyamalan, non seulement le programme des Obligations hypothécaires du Canada n’a pas été modifié, mais la limite annuelle a été relevée de 50 %, soit de 40 à 60 milliards de dollars. 

En outre, un document de consultation du BSIF sur des changements proposés à la ligne directrice B-20 en matière de souscription de prêts hypothécaires, dont l’introduction de ratios d’endettement et une normalisation accrue des coefficients d’amortissement de la dette, a également été mis de côté. 
Malgré la baisse notable de l’activité immobilière cette année, l’indice des prix des propriétés MLS était néanmoins en hausse de 0,6 % sur douze mois en novembre.

Malgré l’activité réduite, la pénurie sous-jacente constitue une solide fondation pour les prix.

Qu’en est-il pour 2024?

Il ne fait aucun doute que, malgré de récentes baisses, les taux continueront à peser sur l’abordabilité, mais j’ai un bon pressentiment. Cela dit, ne me croyez pas sur parole. Les bonnes gens de Royal LePage prévoient une normalisation des conditions et une augmentation des prix des logements de l’ordre de 5-6 % d’ici à la fin de 2024. C’est bien. 

Si vous vous sentez moins optimiste, rappelez-vous que le fait de vous inquiéter ne fera pas disparaître les problèmes de demain, mais vous privera de votre quiétude aujourd’hui. En cas de doute, suivez ma prescription... Faites jouer du Pink Floyd, servez-vous quelque chose à boire et relaxez. Soit ça ou encore plus de cloche à vache. J’ai entendu dire que ça fonctionne aussi.

Enfin, en cette saison de festivités, je suis heureux d’annoncer que nous tirerons au sort le nom de 10 personnes chanceuses qui gagneront un abonnement d’un an à Jelly of the Month Club... C’est un cadeau qui se renouvelle tout au long de l’année!

Joyeuses fêtes et bonne année à toutes et à tous! Et n’oubliez pas... Si vous servez de la dinde, gardez-moi le cou!

Le seul et unique gars de la trésorerie